Rare icône de la Mère de Dieu de Tikhvine
Tempera sur bois, dans un superbe oklad en vermeil 84 zolotniks (875 millièmes) à décor repoussé, les cartouches des initiales du Christ et de la Vierge incrustés de verre bleu peint à l’or, le maphorion de la Mère de Dieu entièrement tissé de perles, les nimbes en or (750 millièmes) sertis de 16 cabochons dont 15 gemmes incluant des améthystes, diamants taillés en roses, grenats, émeraudes, et une pierre facettée de verre rouge imitant le grenat.
Bon état général, légères restaurations au nimbe et un choc, craquelures de la peinture.
Le dos du panneau gravé de l’inscription en cyrillique “J’ai béni ma fille Marie avec cette icône en 1825, le 14 juin”.
Moscou, 1817.
Orfèvres : “I.N” en cyrillique, probablement pour Ivan NAZAROV ou Ivan NIKIFOROV (actif jusqu’en 1796).
L’icône et l’oklad réalisés au XVIIIe siècle, puis poinçonné au début du XIXe siècle.
H. 20,5 x L. 16,4 cm. Poids brut total : 677,9 g. Poids brut de l’or : 69,10 g.
Provenance
Collection privée française.
Historique
Cette icône luxueusement décorée de son nimbe en or et ornée de pierres précieuses et semi-précieuses est un témoin rare de son temps. En effet, les icônes ont subi un sort tragique après la chute de l’Empire tsariste en 1917, et a fortiori celles comportant de l’or. Dans le courant des années 1920 à 1930, les icônes, considérées par le pouvoir soviétique comme des symboles religieux superflus, furent massivement saisies dans les églises et les monastères. Celles en or ou décorées d’éléments en métal précieux ont été les premières victimes de la marchandisation des objets religieux et particulièrement visées pour leur valeur matérielle, l'or étant souvent fondu pour soutenir économiquement le régime bolchévique. Ces images sacrées, véritables objets de vénération, sont devenues des monnaies d’échange, et leur traitement a pris plusieurs formes : certaines icônes ont été détruites et fondues, tandis que d'autres ont été vendues à l’étranger, surtout en Occident, pour alimenter le trésor soviétique, certaines ayant trouvé refuge dans des musées ou collections privées, échappant ainsi à leur totale disparition.