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Premium Lot 53
Une sélection par : MILLON
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Estimation : 60 000 € - 80 000 €
Description Arts du Moyen-Orient et de Méditerranée
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* Abu'l-Fazl ibn Mubarak (m.1602), Ain-i-Akbari (Administration d'Akbar)
Lahore, copié en 1848–1849 (1905 Vikrama Samvat) par Rāja Rām Kaul Totā, pour Lala Kabul Ram Pandit, à l’intention de Lala Yashartha (?)
Manuscrit en persan sur papier wasli beige, 481 feuillets, calligraphié en nasta'liq à l'encre noire sur vingt lignes par page, illustré de six peintures pleine pages exécutées avec des pigments naturels et liants, et plusieurs diagrammes.
Le premier feuillet est orné d’un médaillon central dédicatoire enluminé (shamsah) sur fond or, suivi d’une double page à marges florales et d’un frontispice (sarlowh) rehaussé d’or et de bleu de cobalt. Le manuscrit s’ouvre sur une longue introduction suivie des cinq sections du traité : administration impériale, provinces et fiscalité, vie sociale et religions, effectifs militaires et civils, principes de bonne gouvernance. L’ensemble est enrichi de nombreuses tables et index sur les armes, textiles, essences de bois, corps de l’armée, salaires, terres cultivées et leurs revenus.
Reliure à coins en cuir maroquin rouge, dos à nerfs, titre doré : AIEN-I-AKBARI.
64 x 30 cm
Peintures :
– F. 57b : scène d’audience publique (« darbār ») de l'empereur en partie haute ; et armurerie impériale (arcs, trident, lances, dagues courtes « kaṭār », disque « cakra », bouclier, carquois et
flèches, massues, cottes de maille, haches, sabres, épées, casque, ...) en partie basse.
– F. 58a : divisé en trois registres, armurerie impériale avec massues, haches, kaṭār, sabres, pistolets, fusils, dagues, sabres et épées, bouclier et carquois avec flèches, canons dorés, quatre canonniers en uniforme à l’européenne.
– F. 60a : roue capable de nettoyer 16 fusils à mèche simultanément, atelier de ferronnier, bouvier et taureau à bosse harnaché.
– F. 115b–116b : jeux de plateau moghols, nobles en assemblée autour des plateaux de caupa et Chandal Mandal.
– F. 429b : représentation détaillée du trésor impérial (khazānā) : parures féminines en perles, or, rubis et émeraudes ; joyaux impériaux classés selon leur usage et valeur symbolique, chacun accompagné d'une inscription en rouge.
– F. 329a–b ; 378b : diagrammes scientifiques.
A Fine illustrated Persian manuscript of the Ain-i Akbari, copied in 1848–49 in Lahore by Raja Ram Kaul Tota for a Sikh patron. Richly illuminated and illustrated with court scenes, imperial regalia, and diagrams, this manuscript belongs to the last phase of elite literary patronage in the Sikh kingdom before its annexation by the British. Full notice in English available on request : [email protected]
Provenance :
Collection particulière britannique.
Acquis auprès de Michel Radé, 1993.
Etiquette : Maula Bakhsh & Sons, Book Binders, Masjid Wazir Khan, Lahore.
Ce lot est vendu en importation temporaire, accompagné d'un certificat du Art Council.
Oeuvres en rapport :
- Pour un autre manuscrit par le même copiste voir, Bonham's, Londres, 18 Octobre 2016, n°330.
- Pour une copie illustrée de l’Ain-i Akbari du 18e siècle, voir British Library, Add. 5645.
Pour une étude plus poussée :
- sur Raja Ram Kaul Tota, calligraphe et peintre, voir R.P. Srivastava, Punjab Painting, 1983, Delhi Abhinav Publications, n°39 à 43, n°87 à 93, et p. 55.
- sur la peinture du Cachemire, voir Goswamy, Brijinder Nath. (2000). Piety and Splendour, Sikh Heritage in Art. New Delhi: National Museum : cat. 130, pp. 166-8 ;
- sur les bijoux et armes de cour, voir A. Jaffer & A. Taha-Hussein Okada (2017) : Des Grands Moghols aux Maharajahs, Joyaux de la collection Al Thani, Paris : Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais ; A-C Launois, (à paraître, 2026). « Polysémie des parures indiennes. », In Anna Caiozzo et Camille Rhoné (dirs.), Le cadre des élites : luxe et ostentation sur les routes de la soie, entre mondes des steppes et Inde moghole, Paris : Gallimard classiques.
Richement illustré, calligraphié et enluminé, ce manuscrit du Ain-i Akbari témoigne de la survivance du goût moghol au Panjab au XIXe siècle, et du rôle des mécènes sikhs dans la préservation des textes fondateurs de l’administration impériale. Il constitue un remarquable exemple de continuité culturelle dans un contexte de transition politique majeure.
Le texte :
L’Ain-i Akbari est l’un des grands textes politiques et administratifs de l’Inde moghole. Rédigé au XVIe siècle par Abu’l-Fazl ibn Mubarak, ministre d’Akbar (r. 1556–1605), il constitue le troisième volume de l’Akbarnama, biographie impériale. Véritable traité encyclopédique, l’ouvrage se divise en cinq sections, couvrant l’administration, les provinces et fiscalités, la société et les croyances, les forces armées, ainsi que les fondements d’une bonne gouvernance. Il exprime la vision politique d’Akbar, fondée sur la tolérance religieuse, l’intégration culturelle et l’efficacité administrative.
Contexte :
Ce manuscrit s’inscrit parmi les dernières grandes productions littéraires et enluminées de la dynastie sikhe de Lahore, achevé à la veille de la chute de l’empire sikh face aux troupes britanniques (1848–49), au tout dernier moment d’un âge d’or artistique en Inde du Nord. Il s’inscrit dans la lignée directe du mécénat éclairé des souverains sikhs, qui régnèrent sur Lahore de 1799 à 1849. L’année même de son achèvement marque la déposition du dernier souverain sikh de Lahore, Dalip Singh(1838-1893), scellant ainsi la fin d’un cycle politique et artistique majeur.
Le copiste :
Rāja Rām Kaul Totā, actif à la Kohinoor Press de Lahore, appartient à une famille de lettrés, son père étant calligraphe lui-même. Plusieurs de ses manuscrits sont conservés au Indian Museum de Calcutta et à la Bibliothèque centrale de Patiala. Son écriture, élégante et régulière, s’accompagne ici d’un riche programme décoratif : frontispice (sarlowh), médaillon de dédicace (shamsah), peintures pleine page.
Les peintures :
Scènes de darbār, armureries impériales, jeux de plateau, trésor royal – relèvent du style hérité des artistes du Cachemire. Ces peintres, enlumineurs et scribes, attirés par la prospérité de nouveaux royaumes, étaient venus
au service des maîtres sikhs du Panjab. Cette migration s’accentua à partir de 1819, date de la conquête du Cachemire par Ranjit Singh de Lahore. Posséder des ouvrages en persan, copies d’anciens textes de référence, manifestait ainsi l’autorité de ces chefs sikhs, à la manière des grands rois et empereurs des siècles passés. À leur imitation, les membres de ces cours du Panjab, dont Lala Kabul Ram Pandit et Lala Yashartha – pouvant appartenir à une même lignée d’après le nom Lala – collectionnèrent ce type de manuscrits, véritables manifestes d’une gouvernance réussie, d’un goût littéraire accompli ou de hautes valeurs morales selon l’ouvrage copié. Leurs illustrations sont volontiers archaïsantes pour en paraître plus ‘authentiques’, tout du moins plus proches du modèle ancien.
Certains folios méritent une attention particulière :
– f.57b : offrirait une image idéalisée de l’empereur Akbar trônant entouré d’une cour de rois et de princes dont certains portent des turbans, d’autres, des chapeaux
coniques, noir ou doré, plutôt associé à des fidèles musulmans ou soufis aux XVIe-XIXe siècles. C’est probablement pour le peintre le moyen d’évoquer la fameuse tolérance entre hindous et musulmans à la cour d’Akbar.
La composition mêle une mise en scène classique du pouvoir impérial (trône, palais, membres de la cour debout) à une proximité plus rajpoute des nobles vis-à-vis de
l’empereur.
– f.116b : L’assemblée réunie autour d’un grand motif circulaire à la symbolique solaire est sans équivalent en peinture pour l’époque. Il s’agirait d’un autre jeu indien de
plateau, le Chandar Mandal, équivalent du Chaupar (caupa) du folio f.115.b, qui pourrait avoir pour but d'évoquer les alliances politiques plus que le simple aspect ludique de plaisirs de cour.
– f.429b : trésor impérial (khazānā) divisé en registres hiérarchiques ; bijoux féminins, joyaux impériaux, parures symboliques de souveraineté, illustrent le pouvoir, la richesse et la protection du royaume. Les perles - dont le prix est considérable au 19e siècle - sont placées en haut; elles sont réputées pour avoir des propriétés fécondantes et prophylactiques. La présentation peinte d’une abondance de bijoux reflète symboliquement la prospérité de l’ensemble de l’empire et un vœu de richesses pour chacun de ses membres. Cette accumulation rappelle l’impossibilité d’Abu'l Fazl à faire l’inventaire exact des immenses khazānā impériaux.
L’excellente qualité des folios, brillants et lisses, révèle l’usage d’un papier indien de type wasli, poli à la pierre dure comme l’agathe. Ce support facilitait l’écriture au qalam tout en posant un défi pour l’adhérence des pigments, pourtant parfaitement maîtrisée ici.
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