Vase cérémoniel
Modelé avec finesse et maîtrise, il présente un coyote, figure emblématique associée à la ruse et à la protection, dans une posture altière et vivante. Les oreilles dressées, les yeux plissés et la gueule entrouverte, révélant des crocs fins et la langue pendante, confèrent à l’animal une expression de vigilance et de vitalité. Des incisions délicates suivent la courbure de la tête et du museau, soulignant la puissance de son regard et la précision du travail sculptural.
Les formes lisses et légèrement arrondies témoignent de la dextérité des artisans. L’arrière est orné d’une colonne vertébrale sculptée en léger relief, apportant un réalisme subtil à l’ensemble. Sous la panse, le sexe représenté par des pastillages suggère des connotations de fertilité et de force, liées à des rituels de fécondité ou des cérémonies de régénération. Un col sur le dos, habilement intégré, permet de verser et de contenir des liquides, illustrant l’ingéniosité de la conception où esthétique et fonction se rejoignent.
Cette œuvre naturaliste de proportions importantes, riche en détails et aux lignes soigneusement équilibrées, témoigne de l’excellence des artisans de la culture du Veracruz.
Terre cuite beige orangée avec traces de décor brun, marques et patine du temps
Veracruz, Mexique, époque classique, 450-650 ap. J.-C.
47,3 x 27,5 x 42,5 cm
18.6 x 10.8 x 16.7 in
Provenance :
Galerie Mermoz, 1988
Ancienne collection Monique Nordman, depuis 1990
Collection Liliane et Michel Durand-Dessert, Paris
Expositions :
Biennale des antiquaires, Paris, 15e éd., 21 septembre - 7 octobre 1990, stand 82, p. 58-59
Mexique Terre des dieux, Genève, musée Rath, du 8 octobre au 24 janvier 1999
« Art précolombien/double Je », Collection Liliane et Michel Durand-Dessert, Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne, du 20 novembre 2021 au 18 septembre 2022
Publications :
Art précolombien, Paris, galerie Mermoz, 1990, p. 59
Henri Stierlin, L’Or et la Cendre, Paris, Arthaud, 1991, p. 154, 155
Mexique Terre des dieux, Genève, musée Rath, 1998, p. 170, fig. 187
Binoche et Giquello, Paris Drouot, du 23 avril 2013, nº54 du catalogue
« Art précolombien/double Je », Collection Liliane et Michel Durand-Dessert, éditions Léa Pietton, 2022, p. 70, 71, 127, fig. 21
La culture Veracruz, qui prospéra entre 400 et 900 ap. J.-C. sur la côte du golfe du Mexique, se distinguait par son agriculture prospère, ses rituels religieux complexes et son organisation hiérarchisée dominée par des prêtres et une élite dirigeante. Polythéistes, ce peuple vénérait des divinités liées à la nature, et leurs pratiques comprenaient des cérémonies pour assurer la fertilité de la terre et la prospérité de leur communauté. L’art occupait une place centrale, avec des œuvres en terre cuite d’une grande finesse, intégrant des motifs anthropomorphes et zoomorphes, symboles des liens entre l’homme et les esprits de la terre. Ce vase, finement modelé en forme de coyote, illustre la maîtrise artistique des artisans du Veracruz et leur vision du monde où l’art et le rituel s’unissent pour exprimer l’équilibre entre l’humain et le divin.