Cabinet peint de vases fleuris sur un entablement et d'arabesques. Il ouvre par deux vantaux peints intérieurement de scènes représentant le christ enfant et Saint Jean Baptiste dans des paysages. Piètement balustre de type Mazarin rapporté. Reprise à la peinture. Fin XVIIème / début XVIIIème siècle, Époque Louis XIV.
Hauteur : 197 cm - Largeur : 132 cm - Profondeur : 83 cm
Témoin exceptionnel du mobilier peint du XVIIᵉ siècle, ce rare cabinet incarne l'esthétique raffinée et ornementale prisée par la bourgeoisie provinciale cherchant à rivaliser avec le luxe des créations parisiennes. Réalisé en bois simple et dépourvu de sculpture, il doit toute sa richesse à l'exubérance de son décor peint, fruit du talent d'un peintre ornemaniste.
Le décor extérieur, d'une grande finesse, présente un agencement symétrique d'arabesques, de cornes d'abondance, de guirlandes fleuries et de vases posés sur des entablements illusionnistes. Cette composition, caractéristique des décors ornementaux du Grand Siècle, illustre le goût pour l'ornement foisonnant inspiré des modèles gravés diffusés dans toute l'Europe.
L'intérieur des portes révèle un décor d'une dimension plus spirituelle : sur le panneau gauche, le Christ enfant repose endormi, un orbe posé à ses pieds, symbolisant son rôle de Sauveur du monde. En vis-à-vis, un paysage paisible sert d'écrin à Saint Jean-Baptiste enfant, préfigurant son destin de précurseur du Christ. Ces peintures, réalisées dans une palette douce et nuancée, s'inscrivent dans la tradition des cabinets dévotionnels, alliant utilité et contemplation.
Ce type de mobilier, souvent commandé par des notables régionaux, s'inscrit dans une tradition décorative propre à chaque province, chaque école se distinguant par ses tonalités et son style. Dans l'Auxois, l'un des plus remarquables ensembles de peintures décoratives de cette époque demeure celui commandé par Roger de Bussy-Rabutin pour son château, redécoré lors de son exil commencé en 1667. À l'instar des somptueux intérieurs de Bussy-Rabutin, ce cabinet témoigne de l'art de la peinture ornementale en province, permettant à ses commanditaires d'adopter les codes esthétiques de la Cour à moindre coût.
La fragilité de ces œuvres, intimement liées aux modes décoratives, explique leur rareté actuelle. Préservé dans un état remarquable, ce cabinet constitue un témoignage précieux du raffinement des intérieurs provinciaux du XVIIᵉ siècle et de l'influence des grands décors parisiens jusque dans les demeures de province.