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Lot 75
Description
Attribué à Miguel Cabrera (Antequera de Oaxaca, Mexique, 1715 / 1720 - Mexique, 1768)
La Sainte Trinité
Huile sur toile. Relié.
96 x 70 cm.
Nous pouvons affirmer sans hésitation que cette peinture est de Miguel Cabrera, car elle est très semblable, avec de légères variations dans la position des personnes et la couleur des vêtements, à la peinture ovale de la Trinité du musée Soumaya, Fondation Carlos Slim, Mexico ; elle ressemble également à la peinture de la paroisse de Tlaxcala à San Luis de Potosí, Mexique, (aujourd'hui Museo del Virreinato), qui est de format rectangulaire et du même artiste. Il s'agit de deux exemples similaires parmi d'autres.
La Sainte Trinité est difficile à expliquer théologiquement. Mais Cabrera a su très bien exprimer la complexité du dogme dans son art, car il fait preuve d'une profonde connaissance théologique dans sa peinture religieuse.
En 1715, le pape Benoît XIV a interdit les images de la Sainte Trinité, car ces représentations niaient l'essence immatérielle du Saint-Esprit. Miguel Cabrera a contourné cette interdiction en utilisant la même anatomie faciale, mais en distinguant les couleurs et les références symboliques sur les poitrines.
À droite, Dieu le Père, vêtu d'une tunique blanche, symbole de révélation, avec sur la poitrine le soleil, lumière manifeste de Dieu, et un sceptre d'or, symbole de puissance. Jésus-Christ, à gauche, est vêtu de bleu, une couleur qui révèle son identité divine : son sacrifice en tant que sauveur est rappelé par les stigmates sur ses mains et ses pieds, ainsi que par l'Agneau mystique. Le rouge et le rose des vêtements du centre, pour l'Esprit Saint, représentent la Pentecôte et la flamme de l'amour vivant.
Les trois personnages sont posés sur des socles ornés de chérubins et leur rayonnement indique en même temps leur nature divine.
Le peintre a saisi le Père, le Fils et le Saint-Esprit avec habileté et maîtrise dans cette composition. La luminosité des couleurs, le mouvement dans le tableau et la douceur des visages sont remarquables.
Cabrera est considéré comme le plus grand représentant de la peinture de la vice-royauté du XVIIIe siècle en Nouvelle-Espagne, avec une production que le Dallas Museum of Art définit comme "légendaire : plus de 309 œuvres de son grand atelier ont été documentées".
Miguel Mateo Maldonado y Cabrera est né le 27 février 1695 à Antequera, dans l'actuelle ville d'Oaxaca, au Mexique, comme l'atteste le testament du peintre datant de 1768.
Il est le fils de parents inconnus et le filleul d'un couple de mulâtres. Il s'installe à Mexico en 1719, où il commence sa formation artistique dans l'atelier de Juan Correa, dans la capitale de la vice-royauté.
Cabrera a peint des retables dans l'église jésuite de Tepotzotlán, dans l'État de Mexico, dans l'église de Santa Prisca à Taxco, Guerrero, et dans les cathédrales de Mexico et de Puebla.
Cabrera n'était pas seulement un peintre, il a également participé à la tentative de fondation d'une académie des arts en 1753 et, en 1756, il s'est imposé en tant qu'intellectuel, et pas seulement en tant qu'artiste, puisqu'il publie en 1756 un compte rendu de l'image de la Vierge de Guadalupe intitulé "Maravilla americana y conjunto de raras maravillas observadas con la dirección de las reglas del arte de la pintura", un compte rendu de l'image de la Vierge de Guadalupe publié par l'imprimerie du collège jésuite de San Ildefonso.
Outre la peinture de chevalet, sa production comprend des dessins de retables, des peintures de grand format, ainsi que de petites peintures sur cuivre et des boucliers de nonnes. Cabrera a produit des figures d'une beauté remarquable dans sa peinture religieuse, une beauté comprise à travers les présupposés idéologiques du culte de l'époque. Il s'agit d'un art raffiné, d'une richesse chromatique bien agencée, soutenue par un grand travail de composition et, ce qui n'est pas moins important, par un dessin subtil et expressif.
De tous les peintres de cette époque, Cabrera est celui qui a le plus de personnalité ; le traitement conventionnel de ses figures est sans aucun doute à la base de son style de peinture, car il place dans ses tableaux des modèles qui ne sont pas idéaux, mais qui sont des personnes qu'il connaît et qu'il côtoie, comme lorsqu'il incorpore dans certains tableaux des portraits de donateurs ou de ce que l'on appelle les "prélats". Il avait besoin d'observer directement et de copier la nature. Il a été nommé peintre de chambre de l'archevêque Manuel Rubio y Salinas, qui lui a demandé d'étudier et de peindre l'image de Notre-Dame de Guadalupe, une image réalisée à partir d'ayate, un matériau fabriqué à partir de plantes locales. La version de Cabrera a été envoyée au pape Benoît XIV, qui lui a accordé la plus haute reconnaissance en tant que peintre de Guadalupe. Parmi les portraits remarquables qu'il a peints, citons celui de Sor JuanaInés de la Cruz, conservé au Musée national d'histoire, et celui de Juan de Palafox y Mendoza, qui se trouve au Musée d'art colonial de Morelia, Michoacán, Mexique.
Il a également été peintre pour la Compagnie de Jésus, réalisant de nombreuses œuvres d'art pour leurs églises.
En 1753, il a été nommé président à vie de l'Académie de San Carlos.
Ses œuvres sont conservées dans de nombreuses églises et couvents du Mexique. Deux de ses images de la Vierge de Guadalupe se trouvent au musée du Vatican. Une autre, peinte en 1756 pour l'église de San Francisco Javier, se trouve au Museo Nacional del Virreinato.
Le Museum of Art de Dallas possède une Sainte Gertrude la Grande de Miguel Cabrera et une autre peinture de Sainte Gertrude, également de Cabrera et datée de 1768, fait partie de la collection du musée José Luis Bello y Zetina de Puebla, au Mexique.
Il convient également de mentionner une importante série de peintures de Caste datant de 1763, qui se trouve dans la collection du Museo de América à Madrid. Elles représentent des familles, père, mère et enfant des différentes castes et couches sociales, dans des situations de la vie quotidienne.
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