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Premium Jean Baptiste GREUZE (Paris 1725 - Tournus 1805)
Jeune fille…
Jean Baptiste GREUZE (Paris 1725 - Tournus 1805)
Jeune fille…
Lot 50
Description
Jean Baptiste GREUZE (Paris 1725 - Tournus 1805)
Jeune fille lascive
Panneau de noyer, enduit de filasse
Hauteur : 46,8 cm
Largeur : 38 cm
Provenance :
Inédit
Lot visible chez l'expert au Cabinet Turquin jusqu'au mercredi 26 novembre : 69 Rue Sainte-Anne, 75002 Paris, +33 (0)1 47 03 48 78.
« Je vous défie de voir sans émotion les figures de ce peintre : il a trouvé l'art de donner à la peinture la chaleur de
la vie. » (Diderot, Salon de 1767).
Dans un geste d'abandon extrême une jeune femme à mi-corps, le buste légèrement découvert, renverse la tête
en arrière et pose la main sur son front. Son visage, aux traits gracieux et délicats, est animé par une expression
mêlant douleur et extase, selon un registre expressif typique de Greuze. Les cheveux blonds, ondulés et
partiellement retenus par un ruban rouge, se déploient librement sur les épaules. La carnation lumineuse
contraste avec le drapé blanc et le manteau pourpre, soulignant la sensualité de la figure. Le sein découvert
accentue cet état : il suggère que la passion est si forte qu'elle a fait « tomber » les conventions sociales. C'est
une stratégie pour rendre le pathétique plus vif, tout en captant l'attention du spectateur, entre morale et
séduction. Greuze jouait constamment sur cette ambivalence : ses contemporains voyaient dans ces figures
tantôt l'image de la vertu menacée, tantôt celle du désir féminin. Diderot lui-même s'en émerveillait, en notant
que Greuze savait « parler à l'âme et aux sens tout ensemble ».
Greuze a développé un art singulier, situé entre le portrait, la scène de genre et l'expression morale. Cette effigie
féminine s'inscrit dans la lignée des figures d'expression qu'il affectionne, où la gestuelle et l'expression
deviennent vecteurs de sentiments intenses.
La composition est construite pour capter le spectateur par le contraste entre l'idéalisation classique du visage
et le naturalisme du rendu des tissus et de la chevelure. La touche fondue, presque émaillée, correspond à sa
manière des années 1770.
Nous pouvons rapprocher notre tableau de la Tête de jeune fille (Paris, musée du Louvre, inv. RF 1979-38), où
Greuze exprime déjà ce mélange de douceur et de trouble intérieur, mais aussi de la Jeune fille éplorée (Paris,
musée du Louvre, inv. RF 2947), très proche par la pose de la tête renversée et l'expression dramatique; ou
encore de La Volupté, (collection particulière, Antoine Chatelain, Greuze l'enfance, la famille, Paris Galerie
Coatalem, 2024,cat. N° 54); c'est aussi l'une des nombreuses têtes de caractère peintes ou dessinées par
Greuze, dont les collectionneurs du XVIIIe siècle raffolaient et s'arrachaient à prix d'or.
La réception critique contemporaine permet de replacer notre tableau dans le contexte d'une véritable
révolution du goût. Greuze est justement l'un des peintres que Diderot a le plus longuement commentés dans
ses Salons:
« Greuze est un homme d'un grand talent ; il peint la vérité, il peint l'âme, il peint le coeur. » ?« Ses têtes sont
charmantes ; elles parlent, elles pensent. »? «? il est le peintre des moeurs, des vertus domestiques, des
passions naïves et touchantes. » (Diderot, Salon de 1765).
Ces lignes de Diderot cadrent parfaitement avec la figure de notre tableau: une jeune femme aux traits
idéalisés, mais dont l'expression est vibrante, entre abandon et douleur. Le philosophe insiste justement sur la
capacité de Greuze à dépasser le simple portrait pour atteindre une intensité morale et affective.
Diderot va même jusqu'à comparer Greuze à un dramaturge en peinture : ses figures isolées, comme la nôtre,
doivent se lire comme des « têtes d'expression » à la manière d'un acteur figé dans un moment pathétique.
Freidrich Melchior Grimm (Correspondance littéraire, années 1760?1770) admire l'originalité de Greuze mais
reste parfois plus mesuré dans son jugement que Diderot :
« Greuze est le premier qui ait su donner à la peinture de genre de la noblesse et de l'intérêt. Ses figures sont
touchantes sans être triviales. »? « Ses têtes de jeunes filles, attendrissantes et pleines de vérité, sont
recherchées avec passion par les curieux. »
Pour Diderot, Greuze est le peintre des passions vraies, du pathétique théâtral, pour Grimm, il est celui qui élève
la peinture de genre au rang de peinture morale et sensible, séduisant ainsi les amateurs.
Expert Cabinet Turquin.
Afin de pouvoir enchérir sur ce lot une empreinte préalable de carte bancaire d'un montant de 5 000 euros est requise comme caution. Merci de contacter la maison de vente au 03 87 36 68 53 ou par mail : [email protected]
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