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INDOCHINE - HEIDERICH (G.). Manuscrit autographe signé en pl…
INDOCHINE - HEIDERICH (G.). Manuscrit autographe signé en pl…
Lot 29
INDOCHINE - HEIDERICH (G.).
Manuscrit autographe signé en plusieurs endroits. 1894-1895.
Saïgon, 1894-1895. — Manuscrit in-4, 210 x 170 : 456 pp. Demi-chagrin grenat à coins, filets à froid, dos à nerfs orné, tête dorée, non rogné (reliure de l’époque).
Très important et intéressant manuscrit autographe inédit, contenant les souvenirs d’Indochine de G. Heiderich, soldat d’infanterie de marine à la fin du XIXe siècle.
Envoyé servir en Orient en mai 1894, le soldat Heiderich parvint le mois suivant à Saïgon où, tombé malade en septembre il fut admis à l’hôpital. Il resta en soins jusqu’en janvier 1895 et mit à profit cette période d’inaction forcée pour écrire le présent texte, destiné à des proches. Il s’agit d’une œuvre composite : les deux premières parties procèdent d’une observation directe, l’une sous forme de récit. l’autre sous forme de tableau descriptif, tandis que la troisième partie livre une compilation établie à partir de lectures diverses, faites principalement dans Le Royaume de Cambodge par Jean Moura (1883) et dans La Cochinchine religieuse de Louis Louvet (1885).
L’œuvre se divise en trois parties distinctes :
- « Une traversée de Toulon à Saïgon sur le “Colombo” » (chapitres 1–28), commencée le 21 septembre 1894 :
Récit circonstancié de ses 32 jours de voyage, ponctué d’anecdotes sur ses camarades et de descriptions évocatrices (comme celle de l’île Riou dans le détroit de Malacca). Il y évoque aussi sa découverte de saveurs exotiques (bananes, noix de coco) et ses impressions sur les escales (Oran, Port-Saïd, Obock, Singapour).
- « Saïgon, ville capitale de la Cochinchine française » (chapitres 29–35), commencée le 6 décembre 1894 :
Description méthodique de la ville : le port, l’arsenal, les rues principales, l’hôpital, la prison, le palais du gouverneur général, et même les maisons de tolérance de la rue Borèse. Il y glisse des anecdotes sur la faune locale, les usages monétaires, et mentionne avoir déjà vu des pousse-pousse à l’Exposition universelle de 1889.
- « La Cochinchine et le Cambodge. Tonkin. Siam. Annam » (chapitres 36–101). Partie la plus ample commencée le 7 décembre 1894 et terminée le 11 janvier 1895 :
Compilation documentaire sur les peuples (Annamites, Khmers, Malais, Chams, etc.), les cultures agricoles (trom, kong, pheu-chuc), la faune (éléphants, tigres, singes), les mœurs (costumes, tatouages, opium, mariages, religions), l’administration coloniale, et l’histoire.
Les annexes (chapitres 102–112) incluent des textes de traités coloniaux, des indications sur le filtre Maignen (pour stériliser l’eau, avec 2 dessins originaux), et des questions onomastiques ou historiques.
Bien que marqué par un nationalisme vibrant et des préjugés raciaux typiques de son époque, Heiderich condamne la torture (comme les coups de « cadouille », baguette de rotin) et exprime une conscience aiguë des injustices coloniales, évoquant « leur sol violé et leur liberté perdue ». Son expérience personnelle de la perte de l’Alsace-Lorraine a sans doute éveillé sa sensibilité à la condition des peuples colonisés.
Il s’agit en résumé d’un témoignage à la fois personnel et documentaire, où se mêlent curiosité ethnographique, récit de voyage et réflexion critique sur la colonisation, teintée d’une ambivalence révélatrice de son époque.
Deux timbres de l’époque sont collés sur la première page. En regard de cette première page, figure cette note autographe postérieure au manuscrit : « En souvenir du service que mon (sic) rendu MMme Garnier et fils. G. Heiderich. » Au centre de la seconde doublure devait être encastrée une pièce ou une médaille, aujourd’hui disparue.
Frottements d’usage. Quelques rousseurs.
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