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COLONNA (Francesco). Hypnerotomachie, ou Discours du songe d…
Lot 34
COLONNA (Francesco).
Hypnerotomachie, ou Discours du songe de Poliphile, Deduisant comme Amour le combat à l’occasion de Polia. Soubz la fiction de quoy l’aucteur monstrant que toutes choses terrestres ne sont que vanité, tracte de plusieurs matieres profitables, & dignes de memoire.
Paris : Jacques Kerver, 1561. — In-folio, 312 x 205 : (6 ff.), 157 ff., (1 f.). Veau havane, dos à nerfs orné, tranches rouges (reliure du XVIIIe siècle).
Brunet, IV, 779. - D. Cordellier, Luca Penni, un disciple de Raphaël à Fontainebleau, Paris, 2012, pp. 111-113.
Troisième édition de la traduction française donnée par Jean Martin (15..-1553 ?), après celles de 1546 et de 1554.
Francesco Colonna (1433–1527), moine dominicain vénitien, est traditionnellement considéré comme l’auteur du Songe de Poliphile (Hypnerotomachia Poliphili) qu’il aurait composé en 1467. Roman d’une singularité fascinante, tant par sa conception que par sa langue (un mélange de latin, d’italien et de grec), il raconte le voyage onirique et initiatique de Poliphile vers l’île de l’Amour, Cythère, mêlant symbolisme, architecture, mythologie et allégories.
Imprimé pour la première fois chez Alde en 1499, il est considéré comme l’un des « plus beaux livres du monde », comprenant une abondante illustration extrêmement raffinée et envoûtante ; et a exercé une influence majeure sur la littérature et les arts aux XVIe et XVIIe siècles, inspirant des générations d’artistes et d’écrivains.
L’édition Kerver (1546), traduite et adaptée par Jean Martin, simplifie la langue complexe de l’original : les énumérations interminables sont résumées, les descriptions labyrinthiques clarifiées, et les phrases en grec ou latin traduites (parfois avec des contresens volontaires pour atténuer certains passages). Malgré ces adaptations, l’acrostiche mystérieux des premiers chapitres est préservé : « Poliam frater Franciscus Columna peramavit » (« Frère Francesco Colonna a aimé Polia intensément »).
Cette édition de 1561 est très proche de la seconde de 1554. « La page de titre mentionne la nouvelle adresse de Kerver, qui est passée de l’enseigne des «Deux colonnes» à celle de «La Licorne». Le texte de Jean Martin a été recomposé sans modifications. De nouvelles lettrines apparaissent uniquement dans les pièces préliminaires, et l’éditeur a introduit en tête de chaque chapitre un bandeau. Les textes grecs, imprimés avec des caractères plus grands, sont plus lisibles. Les gravures sont les mêmes : celle qui figure au bas du folio 22 a été inversée » (site architectura.univ-tours.fr/livres-notice/ensba_1322b/).
Elle est ornée de la célèbre illustration issue de la première édition française (1546), dont le superbe encadrement de titre récemment attribué par Dominique Cordellier à Luca Penni, et 181 gravures sur bois dont 13 à pleine page. Bien qu’inspirés de l’édition princeps de 1499, ces bois, attribués à Jean Goujon ou Jean Cousin, sont des créations originales qui témoignent de l’art et du génie de la Renaissance française. Une seule gravure a été modifiée de manière significative : celle du feuillet B6 verso, représentant une porte antique à colonnes. Dans l’édition de 1546, cette illustration était peu précise — les chapiteaux manquaient, le dessin était informe, et des commentaires ainsi que des chiffres encombraient la composition.
Dans la version révisée, les colonnes sont désormais dotées de chapiteaux, inspirés de l’ordre dorique et les chiffres et commentaires ont disparu. Cette modification révèle une attention accrue pour la rigueur architecturale, reflétant une préoccupation esthétique et technique plus marquée. Le dernier feuillet comprend la très belle marque de Kerver.
Exemplaire en reliure du XVIIIe siècle, enrichi de plusieurs centaines de feuillets blancs à la suite du texte, dont le premier porte des notes manuscrites bibliographiques. Il provient de la bibliothèque d’Edward Lee Childe (1838–1911), neveu du général sudiste Robert Lee, ami de Prosper Mérimée et époux de la femme de lettres Blanche de Triqueti (1837-1886).
Manque la coiffe de tête, travaux de vers au dernier caisson, quelques frottements d’usage, coins émoussés, taches d’encre sur le second plat. Cadre du titre légèrement coupé, petites déchirures sur le haut du même feuillet avec atteinte à la gravure. Quelques rares petites mouillures sans gravité. À part cela l’intérieur est dans un très bel état de fraicheur. Traits de lecture à l’encre dans quelques marges.
Provenance : Edward Lee Childe, avec ex-libris.
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